ON N’EST PAS OBLIGÉ DE S’EMPÊCHER DE PENSER !
Tout nous y inciterait pourtant… Aujourd’hui il s’agirait d’apprendre à lire, juste pour connaître les règlements, à compter pour consommer, à spéculer chacun à sa mesure. Le savoir doit être immédiatement rentable et disponible…
Quant à l’Art et la Culture, ils sont comme l’on sait, superflus, chers, « prise de tête » et prise de temps…
Débarrassé de ses contingences intellectuelles, esthétiques comme éthiques, l’art devient promesse bien plus souriante quand il s’industrialise, se marchandise, se financiarise.
Intéressé comme tout créateur par la vie, la mort et ce que l’art peut en traduire, Damien Hirst, un des plus brillants représentants de la scène Young British Artists, étudia de 1986 à 1989 au Goldsmith Collège de Londres. Bien vite, il se spécialisa dans les séries d’animaux morts : cochon, vache, mouton, requin, tigre, conservés de manière fétichiste dans le formol… Ce sont les années Tatcher-Reagan, celles où émergent les symptômes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Entre deux maux, surtout ne pas choisir.
» Le culte du Veau d’Or est toujours debout » chantait Méphistophélès chez Gounod. Le XXIe siècle ressemble furieusement au XIXe, progressismes en moins, alternatives en berne. Quittant pour toujours le « siècle des intellectuels » ?
En 20 ans, nous serons donc passés de la Vache folle au triomphale du Veau d’Or à l’heure où l’oeuvre de Hirst fait exploser les records chez Sotheby’s et le Homard de Koons à Versailles frétiller le microcosme, s’ébaubir les foules.
Dans l’intervalle se sont produites quelques hécatombes ruminantes, aviaires et la chute du mur à Berlin dont on va sans nulle doute fêter avec faste l’anniversaire bientôt.
Comme le dit si bien un des personnages d’une vidéo d’Olivier Bosson, « on n’a jamais autant parlé du réchauffement planétaire depuis la fin de la guerre froide ». Et reconstruit autant de clôtures pour protéger les pauvres des riches, les exilés, les réfugiés des tentations de l' »enfer du nord européen ou américain » (enfin, si j’ai bien compris !).
Que out encore le cinéma dans ce monde insécure ?
« Sommes nous encore au monde ? » comme l’écrivait ce printemps une lectrice dans un courrier aux Cahiers du cinéma, évoquant l’avenir de l’Art et Essai, de la recherche.
A quoi peuvent servir les festivals de films aujourd’hui à l’heure d’Internet, du home cinema, de la télé sur mobile et second life ?
Je vais vous le dire, c’est un secret que nous partageons avec Cannes : à descendre des marches (un peu façon Potemkine en ce qui nous concerne, mais sans landau, je vous rassure tout de suite) !
Ajoutons quelques intentions si vous nous l’accordez : vous faire partager nos découvertes, vous proposer curiosités et inédits, essais et expériences de spectateurs.
Des pistes de réflexion imagée comme la Pensée Filmée…, un Retour au Bestiaire insufflé par la pensée magique de Jean Christophe Bailly sur le « Versant Animal ».
Dans les Écrans Documentaires 2008, il sera question de savoirs et de poésie, de musicalité des images et d’étonnements paysagés, de sentiments et de sensorialité, de plaisirs et d’échanges.
Merci à ceux qui nous permettent d' »exister »…
Bienvenue à ceux qui nous « découvrent ».
Didier Husson – directeur artistique