Écritures du réel

Pour la deuxième année consécutive, le festival des Écrans Documentaires invite des réalisateurs à revisiter leur travail ou à présenter un projet en cours de construction. Une proposition qui se déploie en deux rencontres et trois temps, pour se clôturer par une programmation de films courts proposée en partenariat avec le MAC/VAL.

#1 Ainsi continue la nuit dans ma tête multiple 1

Situés à la croisée des pratiques documentaires, des arts plastiques et du cinéma expérimental, les films de Béatrice Kordon sont d’intenses et troublantes expériences esthétiques. Entre obscurité et lumière, ils explorent des zones intermédiaires qui échappent à notre contrôle ou à notre compréhension. Et sont inséparables de modalités sensorielles propres à créer des états de consciences situés à la lisière des rêves. À l’invitation des Écrans Documentaires, la réalisatrice viendra nous parler des différents modes d’écritures convoqués dans ses œuvres, à travers la projection de ses propres réalisations et de documents sonores, textuels ou visuels.

#2 Produire dit-il…

Après deux documentaires consacrés au producteur (et réalisateur) Stéphane Tchalgadjieff ainsi qu’au cinéaste chilien Patricio Guzmàn, Boris Nicot prépare le tournage d’un film consacré à un grand producteur. Comment se construit le portrait de quelqu’un qu’on admire autant pour ses prises de risque que pour sa charpente intellectuelle tout en évitant le piège hagiographique ? Comment faire comprendre le parcours et les jalons d’un homme d’action en comptant exclusivement sur les moyens du cinéma ? Quels types d’écritures mobilise-t-on dès lors ? En convoquant séquences déjà enregistrées et extraits de films, c’est autant de questions, et bien d’autres, que nous partagerons avec Boris Nicot autour de son travail « en chantier ».

#3 Transformer 2

Les Écrans Documentaires d’Arcueil et le MAC/VAL proposent, dans le cadre de la rétrospective Jean-Luc Verna au Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, une programmation de films courts en résonance, lointaine ou rapprochée, avec l’univers de l’artiste. Documentaire, cinéma expérimental, art vidéo, film d’artiste, clip, expérimentation photographique : la séance expose des visages et des corps saisis dans une certaine « nudité » de leur être. Étrangement, c’est pourtant cette pauvreté-là qui résiste tant bien que mal à la menace d’une totalisation, au gré des recompositions et des modifications créées ici par la découpe du cadre, les jeux de lumière, le maquillage ou encore le travestissement, ce qui contribue à brouiller un peu plus les frontières entre le dedans et le dehors. Soit, comme le souligne Jean-Luc Verna, « le corps dans tout ce qu’il a de trivial et de magique. »
De politique, aussi.

En parallèle à cette invitation au voyage en terre plus ou moins connue, cette sélection de films est alimentée, dans le hall de l’Espace Jean Vilar, par un « juke-box » visuel et sonore concocté par Jean-Luc Verna sous la forme de liens à piocher sur le web. Par l’intermédiaire de moniteurs et de casques, chaque spectateur aura donc l’occasion d’explorer une autre intimité de l’artiste, de découvrir une autre facette de ses intérêts et (belles) obsessions, de Nico à Diamanda Galas en passant par Delphine Seyrig, Marguerite Duras, Charles Pierce ou encore Vaslav Nijinski.

Éric Vidal

  1.  Titre d’une composition de Luc Ferrari
  2.  D’après l’album éponyme de Lou Reed

Films


Brando

Gisèle Vienne, Musique : Scott Walker + Sunn O))) | 2014 | 9' | France

Film court écrit et réalisé par Gisèle Vienne, et inspiré par la musique homonyme de Scott Walker + SUNN O))), Brando se déroule dans un chalet 60’s des Alpes françaises et réunit la danseuse Anja Röttgerkamp, l’adolescent Léon Rubbens, et l’icone Catherine Robbe-Grillet.


Dithyrambe pour Dionysos

Béatrice Kordon | 2007 | 56' | France

Dionysos-le-dieu-du-vin, fils de Zeus et d’une simple mortelle, est l’être le plus singulier de la mythologie grecque. Mi-homme mi-dieu, ni homme ni dieu, tout à la fois mortel et immortel, Dionysos, nous ouvre à un monde où les identités ne sont pas tranchées et le temps non linéaire.


Filmarylin

Paolo Gioli | 1992 | 11' | Italie

À partir de planches-contact, une célébration tout à la fois formaliste et empathique du corps occidental, industriel et matriciel par excellence, celui de Marilyn Monroe.


Identities

Nino Rodriguez | 1991 | 7' | Etats-Unis

Face caméra, un homme « s’entretient » avec le réalisateur qui n’a conservé que les résidus, les restes de son discours : spasmes, borborygmes, déglutitions, hésitations, bruits divers du corps. Une expérience radicale et bouleversante des rapports entre continuité et discontinuité humaine.


Les insensés, fragments pour un passage

Béatrice Kordon | 2014 | 58' | France

« Enfermé dans le navire d’où on n’échappe pas, le fou est confié à la rivière aux mille bras, à la mer aux mille chemins, à cette grande incertitude extérieure à tout. Il est prisonnier au milieu de la plus libre, de la plus ouverte des routes. Il est le Passager par excellence, c’est-à-dire le prisonnier du passage. Et la terre sur laquelle il abordera on ne la connaît pas, tout comme on ne sait pas, quand il prend pied quelque part, de quelle terre il vient. »


Notre trou du cul est révolutionnaire

Lionel Soukaz | 2005 | 3' | France

« Gettare il proprio corpo nella lotta », « Jeter son corps dans la lutte »; cette formule empruntée par Pasolini au chant de résistance des Noirs américains, prenait hier tout son sens. « Car le corps doit s’entendre, soit de l’individu de chair, soit comme composante de l’expression ». Je cite là René Schérer. Et mon corps devenait esprit traversé de frissons et d’amour pour celles et ceux qui résistent. » (Lionel Soukaz)


Take Me

Stephen Dwoskin | 1968 | 30' | Royaume-Uni

Une femme chantonne en déambulant tranquillement en robe de chambre. Cette scène tranquille, se transforme peu à peu en une magnifique peinture mobile.


Séances

3 novembre 2016 à 14h00

Espace Jean Vilar - salle 2

Rencontre avec Béatrice Kordon, en présence de Sharmila Naudou, comédienne

4 novembre 2016 à 10h00

Espace Jean Vilar - salle 2

Rencontre avec Boris Nicot

4 novembre 2016 à 14h00

Espace Jean Vilar - salle 2