Mercredi 31 octobre 2007, 21h00

Espace Jean Vilar - salle 2

31 octobre 2007

Marseille contre Marseille


La campagne de Provence

Jean-Louis Comolli et Michel Samson | 1992 | 92' | France

De juin 1991 à mars 1992, neuf mois d’une bataille politique violente et angoissante, en Provence, à l’occasion des élections régionales de 1992 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Nous avons suivi pendant ces neuf mois tous les partis en lice, mais surtout le Front National : il s’agit pour le F.N. non seulement de prendre le pouvoir dans la deuxième région de France, mais de faire de cette espérée victoire la première étape d’une conquête du pouvoir central. Comme nous dit Bruno Mégret : •guill• Nous avons gagné la bataille idéologique, la victoire politique est pour demain. •guill• En effet, l’offensive du F.N. — pour la première fois filmée de près : c’est dans ce film que nous voyons l’état-major du F.N. gloser sur les •guill• cinquante mesures •guill• — se fait avant tout sur le terrain du langage, terrain vite conquis ! Nous avons filmé aussi bien les résistances au F.N. (celle de Jean-Claude Gaudin, revenu de sa stratégie d’ •guill• alliance •guill•, celle de Bernard Tapie, nouvel hérault de la gauche) que les complicités qu’il a rencontrées dans les autres partis. Nous avons filmé sur le terrain, en public, dans l’action militante, ce qui était le plus insaisissable : la circulation des mots qui font tâche et qui font mal. C’était le temps où de hautes autorités politiques qui n’étaient pas lepénistes parlaient à propos de ceux qui venaient du Sud d’ •guill• invasion •guill• ou d’ •guill• odeurs •guill•. Les hommes politiques peuvent changer et c’est en l’occurrence tant mieux, mais l’histoire — celle qu’ils ont faite — ne se réécrit pas.


Marseille en mars

Jean-Louis Comolli et Michel Samson | 1993 | 52' | France

Mars 1993, élections législatives, troisième épisode de notre saga marseillaise, et le moins local des trois, car le rejet massif de la gauche trouve ici sa traduction sans que les spécificités marseillaises ne troublent le jeu national : la mise à mort ayant eu lieu avant, on travaillait déjà sur les obsèques et le deuil. Cette nature de campagne impliquait un dispositif filmique particulier, deux types de mise en scène. La première, du côté de la production du discours : une déambulation physique et politique avec les acteurs sur l’usure des partis, le discrédit des hommes politiques et les interminables conséquences de la chute du communisme. L’étonnant est que les analyses, presque masochistes, semblent communes d’un bord à l’autre de l’échiquier politique. La seconde, du côté de la réception du discours : des scènes de campagne où les protagonistes sont aux prises avec leurs électeurs potentiels. Le contact est rude. Marseille en mars : les hommes politiques vont mal et tout le monde le leur dit.