Sélection Premiers et Seconds Films

Depuis cinq ans, la sélection du festival présente premiers et seconds films de toutes durées, issus d’écoles, de formations, produits ou autoproduits. Les onze films de cette année concourent pour le Prix des Écrans Documentaires et le Prix Lycéens. Le Prix du Moulin d’Andé récompense, lui, un projet de film en cours d’écriture parmi les auteurs des films sélectionnés.

Concédons quelques lignes aux données chiffrées : plus de trois cent films inscrits cette année pour aboutir à cette sélection finale. Sept pays représentés et quatre continents. Une équipe de huit personnes œuvrant sur la totalité du processus de sélection, pour regarder, écouter, puis ressentir, ou non. Enfin, défendre et choisir ce que nous avons le sentiment d’avoir vu. Une crise serait ce brusque changement d’état, d’affect profond, trouble, dangereux, pour une personne, un groupe, une population, voué cependant à un rétablissement, au retour à un état plus supportable dans un délai identifiable. Le présent, nos présents, ne cessent d’en redéfinir les contours en lui conférant un caractère durable. Latence des crises politiques, crise économique asphyxiante, exploitation humaine au cœur des crises migratoires, corps en crise… Cette année encore, nombre de films de la sélection visitent ces présents clos. Au-delà des contextes génériques, qui entretiennent aussi l’anonymat, il s’agit bien de redonner visages et corps aux vécus, aux quotidiens et de s’y installer. Dans les faubourgs de Ouagadougou ou les provinces de Minsk, l’attente veine de stabilité ou de changement politique qui occupe les jours, se partage entre voisins, au sein de la famille, entre générations. Dans les nuits comoriennes, au large des côtes, l’attente, nourrie de peur, est bien plus solitaire et ne promet à l’enfant en apprentissage du danger que la répétition des drames. À Athènes, le pouvoir pourtant plébiscité devient flou et l’impression physique d’une suspension du temps semble absorber les révoltes, les modes de survie individuels. Ailleurs, à Kawasaki, l’étrange manège de courses cyclistes en circuit fermé entraîne dans ses rondes incessantes les paris de retraités confinés, cherchant, dans le partage de l’alcool et sans dénouement, un salut à leur condition. Dans l’école que nous découvrons à Bruxelles, les élèves éprouvés par une formation sans véritables repères, dans l’étroitesse de leurs ateliers et la répétition des gestes, se lient dans les conversations anodines et essentielles. Aux Mureaux, tentent de se défaire des représentations fabriquées durablement sur la banlieue en insufflant la fiction au cœur de la matière documentaire pour expérimenter jeux de rôles et d’identité. D’autres films, à Salgueiro, à Paris, cherchent l’incarnation dans leurs champs sonores, jusqu’à l’expérience sensorielle musicale, et alimentent des récits de vie ou de l’instant, un cadre visuel où ne subsistent qu’objets et gestes. Ou encore, ce corps abîmé psychiquement par le passé, qui se reconstruit un présent en devenir, puisant les matériaux du film dans ce que la maladie lui avait paradoxalement permis de créer de façon prolifique. Dans ces choix-là de films, autant de tentatives d’approcher le réel que d’en renouveler les formes.

Manuel Briot, pour l’équipe de sélection

Films


26 rue Saint-Fargeau

26 rue Saint-Fargeau

Margaux Guillemard | 2017 | 30' | France

26 rue Saint-Fargeau s’illustre comme la traversée verticale d’un logement social parisien. De l’aube au coucher du soleil, étage après étage, le film dépeint, fait dialoguer, avec humour et tendresse, diverses cultures, atmosphères, goûts pour l’ameublement, philosophies de vie. Singulier dans sa réalisation, ce documentaire a d’abord été élaboré, monté, tel un « film sonore » de 30 minutes, pour rencontrer dans un second temps les images du lieu tournées en 16mm, afin de créer un dialogue poétique entre récits et espaces.


Athènes Rhapsodie

Athènes Rhapsodie

Antoine Danis | 2017 | 78' | France

Un homme et son caddie dans les rues d’Athènes. Des voix de colère, de résignation, d’espérance. Un portrait poétique de la ville, décor de la gueule de bois de la crise européenne.


Boca de Fogo

Boca de Fogo

Luciano Pérez Fernández | 2017 | 9' | Brésil

Dans la ville de Salgueiro au Brésil, des gens juchés sur les gradins, brûlés par le soleil, regardent un match de football. Les joueurs eux-mêmes semblent ralentir sous la chaleur accablante. Mais une bataille épique enflamme les ondes radio. Une voix tonitruante et remarquablement éloquente insuffle vie au jeu avec force métaphores et allitérations : Bouche de Feu, le commentateur le plus rapide de Pernambouc.


La Cour des murmures

La Cour des murmures

Grégory Cohen | 2017 | 47' | France

Un film-expérience, entre fiction et documentaire, qui propose à six jeunes d’une cité de la banlieue parisienne de jouer leur vie à partir d’une esquisse de scénario autour des jeunes et de l’amour dans la cité. De rebondissement en rebondissement, un film qui s’interroge aussi sur la rencontre entre les mondes : comment inventer un jeu ensemble ?


Grands travaux

Grands travaux

Olivia Rochette, Gerard-Jan Claes | 2017 | 101' | Belgique

Grands travaux situe son action dans l’Institut Anneessens-Funck, une école professionnelle néerlandophone à Bruxelles où des jeunes issus de milieux très variés, souvent précarisés, viennent apprendre un métier à exercer au plus vite. Le film documente et met en scène les différents aspects de leur vie : les exercices à l’école, le football, leurs tribulations sentimentales ainsi que la recherche d’un logement, d’un emploi. En relatant le quotidien dans l’espace confiné d’une école, c’est une image de Bruxelles aujourd’hui que tente de construire Grands travaux. Avec la jeunesse au centre.


Les Îles résonnantes

Les Îles résonnantes

Juruna Mallon | 2017 | 41' | France

Un regard intime sur Eliane Radigue, pionnière française de la musique minimaliste et électroacoustique, pour explorer la singularité sensorielle de sa « sculpture sonore » et ses vertus méditatives. Le dispositif du film génère les images mentales que la musique a vocation à susciter, proposant avec les moyens propres du cinéma des paysages sonores. Sélectionné au festival Cinéma du réel 2017.


Je ne me souviens de rien

Je ne me souviens de rien

Diane Sara Bouzgarrou | 2017 | 59' | France

Souffrant du trouble bipolaire, je traverse en 2011 un épisode maniaco-dépressif d’une telle intensité qu’il me laisse presque entièrement amnésique. Me restent ces dizaines d’heures de rushes et ces deux carnets remplis d’écrits, de collages, de dessins – précieuses traces de mon séjour en clinique psychiatrique. Plus de quatre ans après, ces quelques mois de ma vie sont encore inaccessibles à ma mémoire. Le projet de ce film : la reconstituer.


Kawasaki keirin

Kawasaki keirin

Sayaka Mizuno | 2016 | 40' | Suisse

Une minuscule buvette-épicerie de la ville industrielle de Kawasaki au Japon est le lieu de rencontre d’habitués occupés à boire des bières en cannette, à discuter de tout et de rien et à jouer aux courses cyclistes du vélodrome tout proche. C’est le repaire des retrouvailles, le lieu de la parenthèse dans un quotidien morne. « J’aime les choses qui flottent, parce que dans l’eau, je coule » confie le tenancier. Pour lui, comme pour ses clients, les cyclistes accrochés à leurs pédales, filant en ligne et imperturbables, sont un peu comme une bouée, le vélodrome, comme un bateau.


Koropa

Koropa

Laura Henno | 2016 | 19' | France

Au large de l’archipel des Comores, dans la nuit noire, Patron, un jeune orphelin, apprend à devenir « Commandant ». D’ici peu, il emmènera en vedette ses premiers voyageurs clandestins vers Mayotte.


Qui es-tu Octobre ?

Qui es-tu Octobre ?

Julie Jaroszewski | 2017 | 56' | Belgique, Burkina Faso

Au Burkina Faso, à 27 ans d’intervalle, deux Octobre se contemplent. Le premier, en 1987, vit l’assassinat du père de la révolution démocratique et populaire, Thomas Sankara. Le second, en octobre 2014, voit le peuple destituer par la rue son successeur, Blaise Compaoré. Dans les quartiers populaires de Ouagadougou, la petite et la grande histoire se rejoignent dans la case des femmes, où vit le jeune Mika. Trois générations tissent la fable de l’endurance d’un peuple sur le chemin d’une quête de justice, de vérité et d’intégrité.


Rue Mayskaya

Rue Mayskaya

Gabriel Tejedor | 2017 | 70' | Suisse

Biélorussie, hiver 2015. L’élection présidentielle se prépare. L’omnipotent Loukachenko brigue un cinquième mandat. Kostia fête ses dix-huit ans. Il vit à la campagne entouré de ses amis, de ses amours, de sa famille. Entre petits boulots, beuveries et grands discours; lui et les siens rêvent-ils encore?


Séances

9 novembre 2017 à 20h00

Espace Jean Vilar - salle 2

10 novembre 2017 à 19h30

Espace Jean Vilar - salle 2
  • Grands travaux
    Olivia Rochette, Gerard-Jan Claes | 2017 | 101’ | Belgique

10 novembre 2017 à 21h30

Espace Jean Vilar - salle 2

11 novembre 2017 à 14h00

Espace Jean Vilar - salle 2

11 novembre 2017 à 16h00

Espace Jean Vilar - salle 2

11 novembre 2017 à 18h30

Espace Jean Vilar - salle 2

12 novembre 2017 à 14h30

Espace Jean Vilar - salle 1

Reprise du palmarès

  • Grands travaux
    Olivia Rochette, Gerard-Jan Claes | 2017 | 101’ | Belgique