Parcours d’auteure : Zoé Chantre

Filmer sa vie, filmer la vie

Pour cette édition 2023, Les Écrans Documentaires invitent la cinéaste et plasticienne Zoé Chantre à présenter son travail cinématographique dans le cadre d’un parcours d’auteure. 

Réalisatrice de deux longs métrages documentaires, Tiens-moi droite et Le poireau perpétuel, Zoé Chantre est aussi  l’autrice de créations protéiformes (livres, installations, vidéos, animation, photos…) qui dessinent un univers singulier, ludique et poétique.

Films aux longs cours,  ses deux longs métrages s’inscrivent dans la riche histoire des journaux filmés, genre à part entière dans le champ du cinéma documentaire. S’ils peuvent être vus de façon autonome il n’en reste pas moins que Le poireau perpétuel constitue une suite de Tiens- moi droite dont il reprend et poursuit le fil narratif presque dix ans plus tard. A la différence près que d’un journal à une voix il s’énonce cette fois-ci à deux voix. Au « je » de la réalisatrice s’adjoint celui de sa mère. Sont également convoquées dans les deux films les voix de proches et d’inconnu.e.s ainsi que la présence d’une longue liste d’animaux qui, du plus petit au plus grand, composent un bestiaire propre à la cinéaste.

Ce qui est remarquable au cœur des propositions d’écriture filmique de soi qu’elle met en scène dans ses deux longs métrages  c’est l’équilibre subtil entre la gravité des thèmes abordés et l’inventivité et la liberté formelles à l’œuvre. Face aux questions existentielles inhérentes à la maladie qu’elle même et sa mère affrontent, la cinéaste  imagine des bricolages ingénieux pour donner forme à son récit. L’hybridation de matériaux à laquelle elle procède, entremêlant prises de vues réelles et dessins, créations sonores et animations, confère à ses films un ton d’une incroyable vitalité, comme une façon de résister face à l’adversité.

À l’issue de la projection de ses deux longs métrages un temps de discussion  suivra pour proposer à Zoé Chantre de partager son expérience de cinéaste. Ce sera l’occasion de revisiter son parcours depuis sa formation à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg à la réalisation de ses films en passant par son travail pour le spectacle vivant. L’occasion également de revenir sur les influences esthétiques et théoriques qui nourrissent son œuvre pour comprendre comment les films programmés et les projets en cours sont pensés et fabriqués. Tenter in fine d’éclairer ce qui fonde sa démarche pour appréhender comment s’articulent récit de soi et rapport au monde.

Sabrina Malek

Films


Le Poireau perpétuel

Le Poireau perpétuel

Zoé Chantre | 2021 | 82' | France

Le Poireau perpétuel est un journal filmé qui commence le cinq mars.
Tous les ans à cette date précise, une fourmi entre sous ma porte et je l’observe. Pour elle, c’est l’arrivée du printemps pour moi c’est l’anniversaire de ma mère. La fourmi nourrit sa reine qui aura des œufs et moi je me pose la question d’avoir un enfant ou pas au moment où ma mère, atteinte d’un cancer, entame sa décroissance de vie.

« Je peux parler de résilience à travers le film. Il me donne de la force pour affronter mes maux, les partager m’aide à relativiser et à me rassurer dans le fait que je ne suis pas seule. La vie est intéressante quand on sait l’entretenir et le cinéma m’aide énormément. »
Zoé Chantre

⇒ Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec Zoé Chantre sur notre Blog Mediapart 


Tiens moi droite

Tiens moi droite

Zoé Chantre | 2011 | 65' | France

Enfant, on m’a découvert une énorme scoliose en forme de S et un gros angiome dans mon cerveau gauche. Cela m’empêche de porter des choses lourdes et me crée des migraines avec auras. Sous crise, je me suis mise a dessiner.
Plus tard, en retrouvant ces dessins, j’ai eu le désir de faire un film seule, sans équipe, avec le moins de matériel possible pour préserver mon dos. Juste une petite caméra avec micro intégré et un ordinateur pour le montage. Cinq années de récoltes d’images que j’ai assemblées, gommées, triées, sur mon histoire de petite femme et celle des autres qui m’entourent. Un récit qui se fabrique au fur et à mesure du temps avec mon angiome et ma colonne, une façon de résister à ces bâtons dans les roues. Toutes ces années m’ont permis de sortir de moi-même et de faire partager avec humour ce qui m’arrivait. Je peux dire que le cinéma m’a formidablement aidé.


Séances

16 novembre 2023 à 14h00

Espace Jean Vilar - salle 2

En présence de la réalisatrice

16 novembre 2023 à 15h30

Espace Jean Vilar - salle 2

En présence de la réalisatrice