France 2007

Des corps, des visages, des regards, des lieux de vie, de l’humanité. Cela se passe en France, en 2007, dans un bidonville de Lyon, habité de Roumains, de Tziganes, oubliés de la société, sans papiers, sans droits, qu’en d’autres contrées on appellerait des intouchables. La force du film est de laisser s’épanouir dans la splendeur de ses images l’évidence du bonheur quand le consensus ambiant rumine la langue asséchée du misérabilisme. Dans ce parti-pris de la vie, le geste est éminemment politique. Eloquence du cinéma muet.

Monte Verita

Au début du XXème siècle, un groupe d’intellectuels et d’artistes choisit de vivre l’Utopie sur une colline suisse rebaptisée Montagne de la Vérité.

Zéro degré l’infini

Ce film documentaire nous fait découvrir et suivre le processus de création de deux chorégraphes de renommée internationale, Sidi Larbi Cherkaoui et Akram Khan, leur contact, leur origine, leur sensibilité, leur envie de créer ensemble un spectacle intitulé « 0° », pour le Théâtre Sadler’s Wells à Londres. Le documentaire sur la création du spectacle « 0° » est une introspection de l’art, de la chorégraphie, des corps, des hommes, et de la religion.

Les Ballets de ci, de la

Avec ce long métrage documentaire, Alain Platel célèbre l’essence des singularités humaines qui nourrissent Les Ballets C. de la B. depuis vingt ans. Qui sont les danseurs de Les Ballets C. de la B. ? D’où viennent-ils ? Et comment transcendent-ils le monde sur scène ? Un film tout en impressions, au cœur d’une compagnie unique dans le monde du spectacle vivant. Un voyage émotionnel qui nous fait partager l’aventure artistique et humaine de Les Ballets C. de la B..

Rêves de France à Marseille

En juin 1999, Jean-Claude Gaudin organise une grande fête populaire, •guill• la Massalia •guill•, pour exalter toutes les communautés qui font Marseille et manifester l’envie de milliers de gens venus d’ailleurs de se montrer Marseillais. Radieux arc-en-ciel. Moins d’un an plus tard, mars 2000, commence la campagne des municipales, la troisième pour nous : qu’en est-il de ce nouvel esprit qui semble souffler sur la vie politique marseillaise, trouve-t-il une traduction dans la sphère politique ? Combien d’enfants de l’immigration récente, celle qui gêne, on veut parler de l’immigration arabe, figureraient en position éligible et seraient finalement élus parmi les 101 conseillers municipaux ? Marseille, ville phare des expérimentations politiques en France, nous dit-elle l’affaiblissement du racisme anti-arabe et la fin des exclusions ? L’affichage des fêtes, le ralliement des discours poussaient à l’optimisme. Les enfants de l’immigration candidats semblaient aussi assurés de leur coup : cette fois, l’intégration étant derrière eux et le mot même leur devenant insupportable, l’entrée en politique se ferait sans drame …

Marseille en mars

Mars 1993, élections législatives, troisième épisode de notre saga marseillaise, et le moins local des trois, car le rejet massif de la gauche trouve ici sa traduction sans que les spécificités marseillaises ne troublent le jeu national : la mise à mort ayant eu lieu avant, on travaillait déjà sur les obsèques et le deuil. Cette nature de campagne impliquait un dispositif filmique particulier, deux types de mise en scène. La première, du côté de la production du discours : une déambulation physique et politique avec les acteurs sur l’usure des partis, le discrédit des hommes politiques et les interminables conséquences de la chute du communisme. L’étonnant est que les analyses, presque masochistes, semblent communes d’un bord à l’autre de l’échiquier politique. La seconde, du côté de la réception du discours : des scènes de campagne où les protagonistes sont aux prises avec leurs électeurs potentiels. Le contact est rude. Marseille en mars : les hommes politiques vont mal et tout le monde le leur dit.

Marseille contre Marseille

Cette fable politique en forme de tragi-comédie populiste se joue pendant les élections municipales de juin 1995 à Marseille. Il y avait au cœur des quartiers Nord, dans la partie la plus populaire de la ville, une association, •guill• Nord Ambition •guill•, regroupant les supporters de Bernard Tapie. Ils aideraient Tapie à conquérir la Mairie de Marseille, et ils comptaient en retour sur l’appui de Tapie pour gagner, eux, la mairie des quartiers Nord. Grâce à la très grande popularité de Tapie, ils pourraient enfin faire échec, rêvaient-ils, à la domination communiste traditionnelle dans ces quartiers Nord. Mais •guill•le Messie•guill•, comme ils l’appelaient, connaissait quelques difficultés. Les procès se multipliaient, les condamnations tombaient, Tapie se taisait. Les tapistes de •guill• Nord Ambition •guill• espéraient pourtant encore… Espoir déçu. Tapie finira par donner son appui à l’alliance PC-PS, c’est à dire aux ennemis de ses amis… Que croyez vous qu’il arriva ? Comme dit l’un de nos personnages : •guill•Ça recompose sec!•guill• La morale de la fable est double. Que des petits poissons finissent par se faire manger par les gros. Et que, bien sûr, •guill•il ne faut jurer de rien•guill•.

Marseille de père en fils

Partie 1 – Ombre sur la ville Partie 2 – Coup de mistral Municipales de 1989 Nous avons commencé à filmer la vie politique marseillaise en 1989. Une élection municipale. Celle qui devait décider de la relève de Gaston Defferre, mort deux ans plus tôt. Marseille de père en fils ? Héritage impossible ! Pourquoi ? L’ombre de Defferre écrasait tout – et d’abord le Parti Socialiste. Elle empêchait de voir à quel point la ville avait changé. Deux scènes se partageaient le film – le clivaient : celle de la lutte à mort des héritiers socialistes de Gaston Deferre (Pezet, Vigouroux, Weygand, Sanmarco) ; celle de Marseillaises et de Marseillais qui, à l’écart et même dans l’ignorance du combat politique, poursuivaient leur rêve de Marseille. Pour la plupart, ces personnages étaient d’anciens ou de nouveaux migrants marseillais : Arméniens et Algériens. De tels personnages avaient pour nous toute leur nécessité, précisément parce que l’histoire que nous racontions – celle de l’impossible héritage des pères-héros, ou si l’on veut, du début de la décomposition du parti socialiste (du socialisme en France) – se faisait sans eux, en leur supposée absence. Pendant que Jean-Claude Gaudin, mal remis de ses compositions avec le Front National s’interrogeait sur sa défaite, pendant que le mystérieux Robert Vigouroux triomphait sur tous les fronts, Mme Maaskri allait allumer un cierge à Notre Dame de la Garde ; des Arméniens montraient fièrement l’église qu’ils avaient bâtie de leurs mains ; Mme Slimani partait à la conquête de la cité, au nom du commerce triomphant et de ce qu’elle appelait •guill• le mélange •guill•, mélange des origines, des histoires, des coutumes, des drames. Le film faisait apercevoir que diriger Marseille est difficile à cause du patchwork des communautés, de ces nouveaux arrivants qui, peut-être parce qu’ils ne peuvent pas encore hériter de l’histoire de la ville, l’écrivent à leur façon, avec l’espoir d’en faire hériter leurs enfants. Il y a là des mouvements de population qui laissent les politiques désarmés. Dans un système fortement clientéliste, quand tout bouge, comment constituer ou reconstituer des réseaux ? La lutte à mort entre les héritiers de Gaston Defferre — Robert Vigouroux, le •guill• bon docteur •guill• et Michel Pezet, le •guill• mauvais fils •guill• — disait le désarroi des socialistes devant une ville qui leur échappait. C’est à Marseille, avant le congrès de Rennes, que le Parti Socialiste a entamé son processus de division, que les clans rivaux, apparus au grand jour, ont montré jusqu’où ils pouvaient aller dans la violence destructrice. Une fois de plus, Marseille était aux avant-postes, sorte de zone franche, de •guill• ville expérimentale •guill• où s’essaient les pratiques politiques qui s’étendront ensuite à toute la France.

La campagne de Provence

De juin 1991 à mars 1992, neuf mois d’une bataille politique violente et angoissante, en Provence, à l’occasion des élections régionales de 1992 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Nous avons suivi pendant ces neuf mois tous les partis en lice, mais surtout le Front National : il s’agit pour le F.N. non seulement de prendre le pouvoir dans la deuxième région de France, mais de faire de cette espérée victoire la première étape d’une conquête du pouvoir central. Comme nous dit Bruno Mégret : •guill• Nous avons gagné la bataille idéologique, la victoire politique est pour demain. •guill• En effet, l’offensive du F.N. — pour la première fois filmée de près : c’est dans ce film que nous voyons l’état-major du F.N. gloser sur les •guill• cinquante mesures •guill• — se fait avant tout sur le terrain du langage, terrain vite conquis ! Nous avons filmé aussi bien les résistances au F.N. (celle de Jean-Claude Gaudin, revenu de sa stratégie d’ •guill• alliance •guill•, celle de Bernard Tapie, nouvel hérault de la gauche) que les complicités qu’il a rencontrées dans les autres partis. Nous avons filmé sur le terrain, en public, dans l’action militante, ce qui était le plus insaisissable : la circulation des mots qui font tâche et qui font mal. C’était le temps où de hautes autorités politiques qui n’étaient pas lepénistes parlaient à propos de ceux qui venaient du Sud d’ •guill• invasion •guill• ou d’ •guill• odeurs •guill•. Les hommes politiques peuvent changer et c’est en l’occurrence tant mieux, mais l’histoire — celle qu’ils ont faite — ne se réécrit pas.

La question des alliances

Législatives de 1997 La droite et l’extrême-droite aux législatives 1997 dans les Bouches-du-Rhône Que faire du Front National ? Que faire de l’offensive de Bruno Mégret dans la 12ème circonscription des Bouches-du-Rhône (Vitrolles, Marignane, Châteauneuf-les-Martigues) ? Ces deux questions se posent moins à gauche (nationalement ou localement) qu’à droite : la question des alliances est toujours brûlante pour la droite parlementaire. Il y a les positions de principe et les réalités du terrain électoral. Les déclarations d’intention, les condamnations publiques sont une chose. Les comportements des électeurs une autre. À quelques jours de la dissolution de l’Assemblée nationale, il apparaît que le problème douloureux mais central de cette nouvelle bataille est bien celui d’une évaluation des rapports de force entre la droite qui gouverne (RPR – UDF) et l’extrême droite (FN). Qui domine qui, qui cède à l’autre ?